Samedi 26 juin 2010 – Billet 1914 » Photos ©Bernard Maingot
Tous mes remerciements vont à Frédéric Émard qui a effectué des recherches sur l’auteur ayant permis la publication de ce texte dont il a la paternité.
Remerciements à André Brisson pour les documents remarquables extraits de sa collection et exposés le 26 juin à Saint-Julien-de-l’Escap. J'en ai reproduit seulement quelques-uns, car ils étaient nombreux...
La qualité "moyenne" des images est due au fait que les documents étaient protégés par un plastique produisant des reflets.
SAINT-JULIEN-DE-l’ESCAP
Hommage à une femme libre
HOMMAGE – Samedi 26 juin, les Escapiens ont rendu hommage à Noël Santon, une artiste exceptionnelle, écrivain et poète née à Saint-Julien-de-L’Escap, en donnant son nom à une place.
De gauche à droite : Françoise Mesnard, vice-présidente du Conseil régional ; Frédéric Brassac, sous-préfet ; Dominique Bussereau, président du Conseil général ; Frédéric Émard, maire de Saint-Julien-de-l’Escap ; Jean-Yves Quéré, conseiller général. (PHOTO BERNARD MAINGOT)
Samedi dernier, Dominique Bussereau, président du Conseil général, secrétaire d’Etat chargé des Transports, et Frédéric Emard, maire de Saint-Julien-de-l’Escap, ont dévoilé la plaque commémorative de la place baptisée « Noël Santon », pour honorer la mémoire d’une artiste exceptionnelle native du pays. Etaient présents le sous-préfet Frédéric Brassac, Françoise Mesnard, vice-présidente du Conseil régional, Jean-Yves Quéré, conseiller général représentant la députée Catherine Quéré, Christiane Filleul, nièce de Noël Santon, son fils Yves Filleul, ses descendants…
En plus des noms déjà cités sur la photo précédente, Christiane Filleul, nièce de Noël santon, et son fils Yves Filleul sont en partie droite du cliché. (PHOTO BERNARD MAINGOT)
Après que le ruban inaugural ait été coupé, Frédéric Émard a retracé le surprenant parcours d’une artiste accomplie tombée amoureuse de la nature et de son pays, de la littérature, des arts, et qui, n’acceptant pas depuis sa plus jeune enfance les contraintes, ne supportait pas l’occupation allemande à Saint-Jean-d’Angély. Ce qu’elle illustrera par des gravures sur bois et par des écrits publiés dans l’Angérien Libre puis chez Brisson.
L’écrivain qu’elle est publiera au total une cinquantaine d’ouvrages.
Des gravures sur bois de Noël Santon : un tank devant l’entrée de l’Abbaye Royale, la Croix de Lorraine, les armes de Saint-Jean sous la Botte.
L’Angérien Libre commence à publier, dans son numéro du samedi 29 septembre 1945, et ce jusqu’au 19 janvier 1946, l’histoire de la Résistance en Charente-Maritime zone Est. Ensuite, les Editions Brisson publieront le recueil.
Trois jeunes du conseil municipal des jeunes ont lu un poème.
Trois enfants du conseil municipal des jeunes ont lu des poèmes bucoliques : « Ode à la menthe », « Peupliers » et « Moulin », alexandrins sans doute inspirés par la campagne escapienne, ses ballades en barque sur la Boutonne et le « tic-tac du moulin », dira le maire. Il conclura ainsi son hommage : « Elle repose à quelques dizaines de mètres d’ici, sur cette terre escapienne qu’elle a tant aimée et qui aujourd’hui lui rend bien ».
Les présents ont pu également admirer une exposition remarquable de documents, livres, cartes, lettres et gravures extraite de la collection d’André Brisson.
Une femme libre, une artiste exceptionnelle
Noëla Yvonne Marie Le Guiastrennec a été une des premières femmes à conduire un véhicule automobile dans le département. (COLL. ANDRE BRISSON - REPRO BERNARD MAINGOT) Le Bois Vert, demeure familiale où est née Noël Santon.
De son vrai nom Noëla Yvonne Marie Le Guiastrennec, Noël Santon est née le 24 mai 1900, au Bois Vert, à Saint-Julien-de-l’Escap. Enfant, elle n’aime pas les contraintes, préférant l’école buissonnière et s’instruire par elle-même. Elle flâne le long des palisses, de la Boutonne et des vignes de la campagne saintongeaise. Elle devient amoureuse de son pays natal, et, comme la plume la taquine, elle va écrire sous le pseudonyme de Noël Santon.
La campagne escapienne l’inspire beaucoup. Ses ballades sur la langoureuse Boutonne à bord de sa barque « L’Oiseau bleu » et le tic-tac du moulin lui suscitent de magnifiques alexandrins.
Elle écrit, écrit toujours et écrit encore… A vingt ans, elle crée sa première revue littéraire (L’oiseau bleu). Et publie « Fumées », recueil de poésies (1923). En 1925, son premier roman obtient le Prix du Fleuve. En 1928, le prestigieux Mercure de France publie « La chienne de mer ». Elle écrit un essai sur la poésie de Rachilde.
La lampe merveilleuse, ouvrage publié aux Éditions du Fleuve (Lyon) en 1924 (Prix du Fleuve) sous le pseudonyme de Noël de Guy.
Artiste accomplie, elle est peintre, graveur, romancière, historienne et musicienne. Cette jeune femme libérée, qui fume et conduit une voiture automobile, publiera de nombreux romans sous nombre de pseudonymes masculins : Julien Lescap, Noël de Guy, Noëlla de Guy, Jer Golden, Jean d’Angéry, Julien Voultonne, Jean Clairsange, Jacques Chantenges, Franck Romano…
En 1930, Noël Santon publie Images de Saintonge, aux Editions de la Renaissance provinciale (Bordeaux).
En 1931, elle créé l’aventure de sa vie, la revue littéraire « Corymbe », où collaborent, entre autres, André Maurois, Max Jacob, Montherlant, Francis Carco…
En 1940, elle créé le Cercle philatélique angérien dont elle est la première présidente élue. L’occupation allemande va la marquer. En 1941, l’heure n’est donc plus à la poésie et « elle saborde Corymbe », a déclaré Yves Filleul, son petit-neveu.
Au lendemain de la Libération, sa mère étant décédée, elle doit quitter le Bois Vert et vient habiter Rue Lévescot à Saint-Jean-d’Angély. Elle est recrutée par la Ville de Saint-Jean-d’Angély et travaille comme archiviste-bibliothécaire à la bibliothèque, activité qui la sort de la gêne.
A l’époque, on faisait les choses correctement : les « rédacteurs correspondants » avaient une carte. Avec photo.
L’Angérien Libre publiera du 1er juin 1946 au 17 mai 1947 les épisodes de « Saint-Jean sous la Botte » que les Éditions Brisson publieront le 15 juin 1947. Durant ces années, les colonnes du journal publieront également de nombreux textes de Noël Santon.
En 1945, elle publie dans L’Angérien Libre, où elle est correspondante, « L’histoire de la Résistance en Charente-Maritime zone Est » (repris chez Brisson) et son journal de l’occupation « Saint-Jean sous la botte ».
Elle collabore aussi au « Subiet », aux « Cahiers de l’Ouest », où elle publie en 1954 « Les écrivains de Saint-Jean », puis « Nos vieilles cagouilles charentaises » (1957, Brisson).
Hélas, un accident de scooter va la diminuer physiquement ! Elle décédera prématurément le 4 janvier 1958. Elle avait 58 ans.
Les écrivains de Saint-Jean, aux Editions Brisson, en 1954.
Nos vieilles cagouilles charentaises, aux Editions Brisson en 1957.
La maison Le Guiastrennec à Saujon.
Gravures sur bois de Noël Santon : des avions au-dessus des Tours et le poste de commandement allemand installé au camp de Fontenet.
Gravures sur bois de Noël Santon : des allemands font la ronde en remontant la rue de la Grosse-Horloge, l’avant d’un tank devant la fontaine du Pilori ; le drapeau allemand devant la façade de l’Hôtel-de-Ville.
Etaient également présentes Danièle Dussaud et Jocelyne Mercier-Guindet, les auteurs du livre "Saint-Julien-de-l'Escap, images d'autrefois", paru aux Editions savinoises "Le Passage des heures". Et puisqu'on est dans la littérature, vous trouverez ci-dessous la couverture du livre. L'article correspondant est à lire ICI