VU DANS LA RUE
La brouette qui ne chavire pas !
Aux utilisateurs de brouettes et autres objets difficilement maniables :
Vous ne vous en lassez pas, vous, des brouettes modernes – qu’elles soient de jardin ou autres brouettes de particuliers - dans lesquelles on ne peut rien mettre, qui chavirent, qui rouillent en cinq ans, qui se déforment quand on les charge de bois ou de pierres, et qui n’arrivent pas à la cheville des brouettes de nos grands-pères ?
D’accord, on est là pour consommer, mais j’appelle ça des brouettes de ville : en ce qui concerne leur ergonomie et leur esthétique, on retrouve la même similitude ou les mêmes défauts qu’entre les nouveaux scooters et les anciens Vespa ou Lambretta des années 60 : on a maintenant les bras pliés (« coudes au corps » disaient les instructeurs militaires aux appelés) et les genoux dans le guidon.
A croire que les ingénieurs, designers, dessinateurs et autres grosses têtes de bureaux d’études ne s’occupent pas plus du centre de gravité que de l’esthétique de la position quand on est juché dessus, pourvu que ça se vende pas trop cher chez Bricodécomag : rappelez-vous le mini-vélo des années 70 - un remède contre l’amour… de la bicyclette - qui vous coupait les jambes au bout de 100 m dès que la pente dépassait 3 % !
Et maintenant on a des brouettes qui chavirent au moindre faux-pas !
Enfin pas toutes, comme celle de la photo que j’ai reçue hier (comme c’était un jour férié, la brouette est au repos sur la photo).
C’est donc à Bignay, au hameau de la Groie, que cette brouette toute neuve, un modèle unique du genre inchavirable, va passer le reste de ses jours. Les roues proviennent d’un scooter et le bois du reste d’un parquet. Les créateurs de ce modèle unique s’y sont mis à deux : un pour la partie métallique, un pour la partie bois.
Simple comme bonjour et efficace comme tout ! Deux roues et deux pieds : c’est super cadré pour un polygone de sustentation (polygone obtenu en joignant les points d’appui d’un corps posé sur une surface) qui ne peut dire que merci aux inventeurs concernant la stabilité du prototype (d’une manière générale, pour ne pas tomber ou chavirer en quelconque circonstance, il faut que votre centre de gravité passe toujours dans ce fameux polygone de sustentation, dixit mon prof de physique de 2nde. Dès que la ligne centre de gravité/centre de la terre passe en dehors de ce polygone, c’est la renverse et la chute). Comme le dit la chanson : « Il est tombé par terre, c’est la faute à Voltaire, le nez dans le ruisseau, c’est la faute à Rousseau. »
Pour continuer sur la brouette, connaissiez-vous cette coutume qui consistait, quand la cadette d’une famille se mariait avant l’aînée, à rouler cette dernière en brouette le jour du mariage ? Cela ne se pratique plus, mais, comme le dit Ginette, l’expéditrice de la photo : « étant enfant je l’ai vu faire. Et je n’aurais pas aimé être à la place de celle qui se faisait "brouetter" »
Moi non plus d'ailleurs. On se fait assez mener en bateau pour vouloir goûter à la brouette.
Alors j’ai cherché sur le Web et j’ai trouvé un article du CERDO (Centre d’Etudes, de Recherche et de Documentation sur l’Oralité - Maison des Cultures de Pays - 1, rue de la Vau Saint-Jacques - B.P. 03 - 79201 Parthenay Cedex - Tel : 05 49 94 90 70 - Fax : 05 49 94 90 71) dont je vous reproduis le texte :
« Si un cadet se marie avant son aîné, l'ordre du temps et du patrimoine à partager est dérangé. On rappelle donc à l'ordre l'aîné en le "charriant" en charrette, autrefois, ou en brouette aujourd'hui. Cette promenade dérisoire amuse l'assemblée mais cache un message simple : il faut penser à se marier ! »
Pour voir la photo de promenade en brouette de la sœur et du frère aînés non mariés (région niortaise, vers 1990 - cl. et coll. Daniel Carolle), cliquer sur
http://195.101.116.236/pedagodoc/photo/mnl9.htm