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Articles et photos : Actualité sur le canton de Saint-Jean d'Angély (17400), Saintonge, Aunis, sujets divers.

Portrait : Marie-Josèphe Richard, une angérienne. (29.09.08)

Portrait
Le bonheur malgré tout

Personnage bien connue des angériens, Marie-Josèphe Richard publie son dernier livre qui est une leçon de vie.

» Propos recueillis par Frank Restif.


"1940. Sous X à Saint Jean d'Angély" : le titre dernier livre de Marie-Josèphe Richard est une énigme. Pourtant, c'est l'histoire réelle vécue par Marie-Josèphe Richard. Après cinq romans et sept recueils de poésie, l'auteur se dévoile enfin. Rencontre avec une angérienne dont la vie est un roman.

   

Marie-Josèphe Richard (photo F. R.)

Frank Restif : Pourquoi avoir attendu toutes ces années pour écrire votre autobiographie ?

Marie-Josèphe Richard : C'est vrai, en général les écrivains commencent par raconter leur vie, et se mettent ensuite au roman. J'ai fait l'inverse. Ce livre est une manière de tourner la page. Je fais tout pour ne pas le montrer mais j'ai souffert toute ma vie d'avoir été abandonnée dès ma naissance. C'était à Niort, le mardi 2 Janvier 1940, par un jour de grand froid, et en pleine débâcle. Curieusement, une importante somme d'argent, dont je n'ai jamais profité, a été laissée pour que l'on prenne soin de moi. J'ai été adopté officiellement à l'âge de deux ans par Alexis Richard, un commerçant de la Place du Marché à Saint-Jean d'Angély, un homme d'une grande bonté. J'ai toujours recherché mes origines et j'ai accompli pour cela d'innombrables démarches : mais la porte qui aurait pu ouvrir sur le mystère de ma naissance est restée à jamais verrouillée. Seuls ceux qui ne connaissent ni leur père, ni leur mère peuvent comprendre. Pour les autres, j'ai composé ce livre et je dis souvent cette phrase : «  être né sous X, c'est comme venir de la planète Mars ! » 


Saint-Jean d'Angély, les angériens et les personnages marquants de votre existence sont aussi les acteurs positifs de ce livre. D'où vient votre perpétuel optimisme ?

Peut-être que je donne le change. Cela ne sert à rien de se lamenter sur son passé. Dans ma plus tendre enfance, à deux pas de chez moi, Georges Texier a été abattu par les allemands, André Brisson a été arrêté et mon père adoptif, Alexis Richard, a été interrogé pendant des heures. On le soupçonnait d'être juif parce qu'il vendait des tissus... J'évoque ma grand-mère, que j'aimais tendrement et qui avant sa mort m'a laissée un cadeau insoupçonné. Lorsque l'on me demande si cet abandon de naissance a créé une recherche de reconnaissance, je veux bien le croire. J'ai été marié à un chanteur d'opérette, avec lequel j'ai chanté à l'Olympia de Saintes et à L'Eden avec la Muse angérienne. J'ai participé à de nombreux concours de peintures, obtenant plusieurs premiers prix, ainsi qu'à des concours de poésie et bien sûr j'ai écrit des romans et des poèmes. Je me suis sans doute échappée de mon tracas originel grâce à toutes les facettes de l'art. En fait, je me suis recréé une famille. Ce qui m'a apporté le plus ce sont mes quatre enfants nés à Saint-Jean et mes voyages. Pour tout vous dire, je n'ai plus les moyens de partir au Pérou, à Tahiti, en Jordanie ou au Mexique comme par le passé. Mais je suis prête à tout quitter et à vendre ma maison que j'adore si Bernard Lavilliers, Nicolas Hulot ou un illustre inconnu me demande de m'installer en Amazonie dans une tribu indienne et je prends le premier avion !


En écrivant, on veut souvent faire passer un message. Quel est le vôtre?

Mon père adoptif m'a dit : « Ma fille, si dans la vie, tu réussis, on te critiquera. Si tu ne réussis pas, on te critiquera aussi ». Il avait tellement raison ! Il faut toujours essayer de rester en bons termes avec les gens, avec ses amis comme avec sa famille. Je vois toujours avec plaisir mon deuxième mari, un militaire. J'ai eu une enfance très ordonnée, très morale et à l'âge adulte le "quand dira-t-on" m'a longtemps traumatisé. Je restais chez moi, par peur de faire mauvaise impression aux gens. Et, d'un coup, cette peur m'a quittée ! Tant que j'en aurai la force, je ne resterais pas une mamie recluse. Le chant, la peinture et l'écriture sont des activités que j'ai commencé en parfaite autodidacte, il ne faut jamais avoir peur de ne pas être à la hauteur et ne pas hésiter à se lancer, en oubliant par avance les possibles critiques !

 

Et Marie-Josèphe Richard de prendre plaisir à nous faire visiter sa belle maison, construite sur une villa gallo-romaine.

Évoquant l'histoire de Saint-Jean d’Angély et certains de ses vieux habitants avec passion et volubilité, elle montre un  intérieur qui est le reflet de son âme : ici un paravent où un tigre s'échappe de quelque mystérieuse jungle, ailleurs, ses multiples tableaux et ceux de ses amis artistes. Puis des fresques et un vitrail qu'elle a conçu. On dirait que cette demeure est - toute proportion gardée -  dessinée comme la Villa Santo Sospir de Saint-Jean-Cap-Ferrat*, où Jean Cocteau peignait des allégories sur les murs. Les trompe-l’œil que Marie-Josèphe affectionne amusent l'œil du visiteur mais l'artiste ne trompe pas son monde : elle a tatoué ses murs comme son cœur pour mieux oublier son malheur originel et donner dans ses livres la seule vision du bonheur.


*
Figurant dans le film "Le Testament d'Orphée", cette villa est un témoignage exceptionnel de l'œuvre de l'artiste. Quelques  détails sur http://www.le-sud-jean-cocteau.org/route_jean_cocteau/villa_santo_sospir.html

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