vendredi 1er octobre 2010 – Billet 2103 » Photos ©Bernard Maingot
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SAINT-JEAN-D’ANGÉLY – CONTRÔLE DE CYCLOMOTEURS
"Un 49,9 cm3 doit rouler à 45 km/h maxi. Pas à 100 km/h"
Et… devinez qui est responsable
du mineur en cas d’accident ?
SÉCURITÉ ROUTIÈRE – Vendredi 1er octobre 2010, rue Georges-Texier, la Brigade motorisée de Saintes a effectué une opération de contrôle des cyclomoteurs à l’heure de sortie des lycéens.
» Bernard MAINGOT.
Un « record » parmi d’autres : ce scooter a bloqué le curvomètre à 99 km/h alors que la poignée n’était pas encore « dans le coin ». PHOTO BERNARD MAINGOT
Il est dommage que le curvomètre ne comporte que deux chiffres, car il ne peut mesurer les vitesses au-delà de 99km/h.
L’opération était menée par le capitaine Éric Dellacherie, commandant la BMO de Saintes, et six gendarmes à moto. Le sous-préfet Frédéric Brassac, le commandant Perrot, chef d’escadron commandant la compagnie de gendarmerie de Saint-Jean-d’Angély, des gendarmes de la brigade et des représentants du collège et du lycée étaient présents.
Le capitaine Dellacherie explique que « c’est un contrôle préventif aux deux accès du lycée Audouin-Dubreuil. Quatre motards en tenue circulent à cinq ou six cents mètres et ramènent les cyclomotoristes au poste de contrôle. Le deux-roues 49,9 cm3, censé être limité à la vitesse de 45 km/h, est placé sur le curvomètre pour un test de vitesse. Et les contrôles montrent que la plupart d’entre eux sont en dépassement très important ».
Responsabilité des parents
Les gendarmes contrôlent également les organes de sécurité (pneus, rétroviseur…) et les pots d’échappement bruyants.
« Comme ils sont mineurs, un état complet du deux-roues est envoyé aux parents, car ce sont eux qui sont responsables civilement et pénalement », complète le commandant de la BMO.
De fait, les tests ont eu le mérite de mettre en valeur certains résultats qui en ont surpris plus d’un... Sur les dix premiers cyclos contrôlés, un seul était conforme, le scooter d’une jeune fille, à 43 km/h. En revanche, d’autres scooters atteignaient allègrement les 73, 87, et 97 km/h. Le premier qui a bloqué l’indicateur de vitesse à 99 km/h, car il ne mesure pas les vitesses à trois chiffres, était un vieux Peugeot 103, dont il restait surtout le cadre et le moteur, le reste étant plutôt éventré, alors que les freins à tambour étaient quasiment inexistants. Les présents n’en croyaient pas leurs yeux…
97 km/h pour ce cyclomoteur, trafiqué tous azimuts (voir le filtre à air à gauche).
Le problème du débridage
Plusieurs records ont ensuite été battus, bloquant l’indicateur à 99 km/h, avec des engins qui avaient encore de la réserve et qui, une fois la « poignée dans le coin », semblaient pouvoir rouler à 110, 120, voire 130 km/h, le régime-moteur ayant continué d’augmenter passablement sans qu’il puisse être contrôlé au curvomètre.
Pour la plupart, les jeunes propriétaires ont argué qu’ils avaient tout récemment acheté leur scooter d’occasion à un particulier ou sur un site connu sur Internet et qu’ils n’avaient pas fait eux-mêmes de modification...
Évidemment, ces renseignements précieux qui pourraient dédouaner les propriétaires actuels représentent une piste à exploiter pour remonter la filière jusqu’aux anciens propriétaires ou les revendeurs peu scrupuleux.
« Le problème, c’est le débridage !, commente le capitaine. 65% des cyclomoteurs en circulation sont en infraction, non conformes à la législation, et 46% d’entre eux sont débridés ».
Le débridage (1), une opération qui consiste à désactiver les limitations de puissance ou de vitesse, et donc à en modifier les caractéristiques (échappement, filtre à air, moteur, transmission).
Ainsi, le contrôle effectué vendredi a pu montrer que neuf engins sur 10 étaient en infraction.
Les deux-roues sont impliqués dans nombre d’accidents et ils paient un lourd tribut en Charente-Maritime De janvier à septembre 2010, sur 115 accidents (dont 99 étaient corporels), 59 cyclos ont été responsables et 22 accidents ont été mortels (16 cyclos responsables) (voir encadré)
Bernard Maingot.
(1) D’après une expertise effectuée en 2007 par le Bureau commun automobile (BCA), les modifications effectuées pour un débridage concernent : l’échappement à 93,7 % ; le filtre à air à 24,3 % ; le moteur à 17,4 % ; la transmission à 6,4 % ; le cylindre à 1,9 %.
Bricolé à fond ! La vitesse aussi est à fond : 97 km/h au curvomètre !
La réflexion du blogueur
Je rappelle que si la légalité n’est pas respectée, les garanties du contrat d’assurance ne sont plus accordées par la compagnie à son assuré. C’est par exemple le cas en cas d’alcoolémie. C’est aussi le cas si le cyclomoteur est débridé car il ne correspond plus aux données-constructeur et au Services des Mines. Que les parents s’interrogent alors si leur enfant (mineur) est responsable d’un accident corporel : ils sont entièrement responsables civilement et pénalement des actes de leur enfant et des dommages causés à autrui engageant leur responsabilité.
Imaginons que la victime soit alors décédée ou invalide : il n’y aura pas d’indemnisation de la compagnie d’assurances, mais seulement du Fonds de garantie automobile. Le parent encourt le risque d’avoir à réparer financièrement les dommages causés. De toute façon, indemnisation ou pas, cela ne gommera jamais le regret que l’on aura de n’avoir pas été plus vigilant et plus ferme sur le débridage avant l’accident.
Et puis une dernière pour la route : je roulais ce matin à 90 et un scooter m’a rattrapé sans aucune difficulté. Je pensais même qu’il allait me dépasser dès que l’occasion se présenterait. Il roulait à deux mètres du pare-chocs arrière, ce que j’adore ! Il ne m’a pas lâché d’une semelle et pourtant c’est moi qui était stressé à l’idée d’avoir à freiner rapidement sur un obstacle imprévu… J’ai repensé depuis au contrôle organisé rue Georges-Texier et aux chiffres annoncés sur le débridage des 49,9 cm3.
Le poste de contrôle était installé en bas de la rue Georges-texier (à sens unique). Les motards qui circulaient à 500 ou 600 mètres autour pour ramener les cyclos, ont même trouvé des scooters « planqués » que les propriétaires avaient mis « en attente » durant le contrôle...
De gauche à droite : le capitaine Dellacherie, le commandant Perrot et le sous-préfet Frédéric Brassac.
Le capitaine Dellacherie et les représentants du collège et du lycée.