ARCHINGEAY – PAYS SAVINOIS
Hommage à Jean-Pierre Jacques
maire d’Archingeay
Dans le coma depuis plusieurs mois suite à une rupture d’anévrisme, Jean-Pierre Jacques, maire d’Archingeay, s’est éteint samedi 17 octobre. Plusieurs centaines de personnes ont participé mardi 20 octobre à ses obsèques. Hommage à un homme qui n’avait qu’une devise : « Servir ».
Jean-Pierre Jacques. (photo Rotary Club)
Maire d’Archingeay, président, jusqu’à l’an dernier, de la CDC de Saint-Savinien entre autres mandats publics, membre de nombreuses associations locales, en particulier du Rotary-Club de Saint-Jean d’Angély, dont il était le président sortant, Jean-Pierre Jacques est décédé samedi, à l’âge de 71 ans, victime des suites d’une rupture d’anévrisme survenue fin juin. Ses obsèques ont été célébrées mardi après-midi en l’église de sa commune qu’il avait contribué à rénover, en présence de nombreux élus d’Aunis et de Saintonge et d’une foule d’anonymes, amis et concitoyens, venus rendre ensemble un dernier hommage à un homme qui, sa vie durant, n’a eu et observé qu’une devise : servir.
Troisième d’une fratrie de cinq frères et sœur, Jean-Pierre Jacques était né à Cravans, dans une famille de viticulteurs, qui a su lui donner le goût de la vigne, du milieu rural, et une éducation qui, d’abord, le conduisit au petit séminaire de Saintes, en compagnie du futur Père Gilbert, le "curé des loubards", natif de Crazannes. Bac littéraire, puis… 28 mois de service militaire, dont 18 en Algérie, avec des galons de maréchal-des-logis-chef. Une période douloureuse de sa vie qui l’a profondément marqué. Celui qui, par l’exemple familial, par ses études, avait développé ses qualités d’écoute, de don de soi, d’aide aux autres, découvrait la rudesse de l’autorité et l’absurdité de la guerre…
« Mon ami »
A peine de retour chez lui, Jean-Pierre Jacques, qui envisageait une carrière de médecin, doit entrer dans le monde du travail en 1962, à la suite du décès prématuré de son père. Il est embauché par la Mutualité Sociale Agricole, dont il devient, quelques années plus tard, l’un des contrôleurs. Un contrôleur qui, au lieu de réprimer sans état d’âme les retards de cotisations, savait toujours trouver « la solution » pour les agriculteurs en difficulté. Nombreux sont encore ceux qui se souviennent de sa convivialité, de cette façon si chaleureuse qu’il avait de dire : « Mon ami »…
Jusqu’à la retraite, en 1997, il est technicien conseil à la MSA pour la prévention des accidents en agriculture. Un métier qui lui va comme un gant, lui qui avait à la fois l’amour de la terre, l’esprit d’organisation et un don pour comprendre et épauler l’autre.
Parallèlement, Jean-Pierre Jacques se lance très vite dans le monde associatif, avec, d’abord, une fonction d’opérateur dans un cinéma rural itinérant qui organisait des projections dans la région de Cozes et de Gémozac.
Un "maillon" central
En 1985, il épouse Marie-Thérèse, une jeune conseillère en économie sociale et familiale de la MSA, native d’Archingeay, et s’établit à Saint-Savinien. Il devient la cheville ouvrière de la kermesse paroissiale et préside le prestigieux "Festival d’été en Saintonge", dont l’objectif était de faire entrer la musique en milieu rural. Toujours ce goût du terroir authentique, du geste vers l’autre. Les soirées se terminent par un "fromage blanc-grillons" après chaque concert…
Son installation à Archingeay a lieu à la fin des années 80. Le maire d’alors en fait son premier adjoint dès 1989, et Jean-Pierre Jacques devient maire quelques mois après. Vingt ans durant, jusqu’au jour même de l’accident de santé qui va lui être fatal, son enthousiasme pour cette tâche ne se démentira jamais. Il conçoit sa mission à l’identique de celle qui était la sienne au sein de sa famille, un pivot central, un maillon qui doit écouter, conseiller, apaiser, organiser, parfois avec une certaine fermeté, mais toujours avec le sourire et le souci de ne pas imposer, de respecter l’autre. En vingt ans, il a su offrir à ses concitoyens quelques réalisations majeures : la création d’une nouvelle mairie, l’aménagement des écoles, le réaménagement de la salle municipale, la réhabilitation extérieure de l’église et, tout récemment, l’installation de l’assainissement collectif. Et il montait un nouveau dossier : la réfection intérieure de l’édifice paroissial…
40 ans de vie publique et de générosité
Très vite, ses pairs élus lui confient d’autres missions, plus lourdes les unes que les autres : la présidence de la Communauté de Communes de Saint-Savinien, de 1995 à 2008 - sa dernière réalisation : une nouvelle caserne de gendarmerie qui sera inaugurée en décembre prochain -, la vice-présidence du Pays des Vals de Saintonge, la première vice-présidence du Smictom, le syndicat intercommunal de ramassage et de traitement des ordures ménagères dont les activités s’étendent sur tout le nord de la Charente-Maritime, la présidence du Syndicat de voirie des cantons de Saint-Savinien et de Tonnay-Boutonne, des responsabilités au sein du Syndicat des Eaux et de l’Association des Maires du département…
Ce qui lui laissait encore le temps de militer dans plusieurs associations locales, d’être choriste, pendant quelques années, au sein du Centre vocal Evasion, de cultiver son jardin… et ses hortensias, d’aider son épouse à gérer leurs chambres d’hôtes et de vanter les charmes de la région auprès des touristes qui choisissaient de profiter de leur confort…
Quarante ans de vie publique, quarante ans de disponibilité, de générosité, de relations humaines au sens le plus exact du terme. Quarante ans au service des siens et des autres. Lors des obsèques de Jean-Pierre Jacques, bien plus que l’aspect officiel de sa vie, c’est cette part intime du don de soi que ceux qui lui ont rendu hommage ont mis en avant. Une humanité suffisamment rare pour qu’aucun de ceux qui l’ont connu ne l’oublie.
Jean-Pierre Jacques était président du Rotary Club de Saint-Jean-d’Angély depuis juillet 2008, succédant à Daniel Martichon. (photo B. M.)
Un Rotarien qui « servait d’abord »
C’est en 2003 que les Rotariens de Saint-Jean d’Angély ont accueilli Jean-Pierre Jacques parmi eux. Malgré ses multiples activités, il a cependant toujours trouvé du temps pour participer aux différentes actions du club, se transformant s’il le fallait en meunier pour accueillir les participants à un rallye-promenade au moulin de Saint-Marmé, assurant aussi avec beaucoup de soin la tâche délicate de responsable du protocole…
En compagnie de Michel Chevalet, le 1er décembre 2008. (photo B. M.)
Lorsque son tour est venu d’en prendre la présidence pour un an, en juillet 2008, il a voulu donner de l’ampleur à l’action en faveur des jeunes avec, en particulier, une campagne de prévention contre la consommation excessive d’alcool, marquée notamment par un dîner-débat avec Michel Chevalet, et l’accueil d’Octavio, un jeune lycéen mexicain, hôte du club pour un an dans le cadre des échanges internationaux d’étudiants initiés par le Rotary International.
Jean-Pierre Jacques et son ami le père Guy Gilbert, dit le "curé des loubards". (photo Rotary-Club)
Mais le moment le plus fort de sa présidence est sans nul doute la venue à Saint-Jean-d’Angély, durant le week-end du 1er mai, en collaboration avec le Salon du Livre, de son ami, le Père Guy Gilbert. A la salle municipale ou à l’église, plusieurs centaines de personnes ont écouté son message, découvert un personnage hors du commun, au verbe détonant, apprécié ce prêtre en blouson noir qui consacre sa vie et son sacerdoce aux jeunes en difficulté.
Enfin, deux autres actions ont encore marqué son année de présidence : un salon de l’Auto et une soirée basque, organisés au profit de la recherche contre les maladies du cerveau - qui aurait pu dire alors qu’il allait en être victime ?... - et un concert donné par Chorus 17, dont les bénéfices ont été remis à l’association Les Ayles, qui promeut l’insertion des personnes en situation d’handicap dans les clubs sportifs. Un monde de l’handicap que le conseiller en prévention de la MSA connaissait bien pour l’avoir approché au sein des centres d’aide par le travail (CAT).
Ce fut sa dernière action, le 19 juin 2009. Le 23 juin, Jean-Pierre Jacques sombrait dans le coma, après une vie bien remplie, au cours de laquelle il a appliqué à chaque instant la devise du Rotary : « Servir d’abord ».
Serge Hirel