Mercredi 28 juillet 2010 – Billet 1986 » Texte et Photos ©Bernard Maingot
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SAINT-JEAN-D’ANGÉLY - FOSSEMAGNE
Des bébêtes à gogo et encore plus
"tribolium confusum" le tribolium brun de la farine
SALUBRITÉ PUBLIQUE – Depuis le mois de mai, les habitants de Fossemagne sont infestés par des triboliums, insectes provenant d’un entrepôt de granulés pour animaux dans l’ancien bâtiment Fransfruits.
Les bâtiments qui abritaient autrefois l’entreprise Fransfruits servent maintenant à entreposer des granulés pour animaux.
Il y a « 4 000 tonnes de granulés stockés ici en vrac », assure le voisinage. « Seulement 2 500 tonnes », affirme Pierre Liot, président de l’entreprise châtelleraudaise.
Tous infestés par le tribolium : de gauche à droite, Nicole et Jean-Claude Gidon, Jacky Morin, Patrick Brisset, Roger Tessier, Annie Morin et André Poupin.
A Fossemagne, les riverains du bâtiment où s’est exercée voici quelques années l’activité de Fransfruits sont excédés. Ils n’en peuvent plus et le disent avec vigueur : « Depuis deux mois, nous sommes une vingtaine dont les habitations sont infestées par des insectes provenant de ce bâtiment, des triboliums. Il y en a partout dans nos maisons. Le sol en est recouvert, nous en retrouvons dans le linge, les vêtements, la vaisselle, la baignoire, le lit, le papier toilettes, etc. Et ceci malgré l’achat de divers aérosols que nous pulvérisons partout. Car il y en a partout ! Venez voir ça ! ».
"Les granulés stocké en vrac sur plusieurs mètres de hauteur débordent à l'extérieur des bardages", fait constater Jacky Morin, un habitant de Fossemagne.
De fait, l’entreprise Liot de Châtellerault, qui fabrique au camp de Fontenet des granulés pour animaux à partir des résidus de silos à grains, les entrepose à Fossemagne, dans les locaux désaffectés de l’ancienne Société Fransfruits. La construction en bardage, qui laisse échapper des granulés par les interstices, fait dire aux voisins : « La construction n’est pas adaptée à l’entreposage de tels produits ». Le plus proche voisin, Jean-Claude Gidon, précise : « Le bail avec M Rousseau, le propriétaire des bâtiments, finissait au 15 juillet, mais la société Liot est toujours là et ce n’est pas en période de moisson qu’on peut trouver l’équivalent de 200 camions pour déblayer tout ça ! Car il y a 4 000 tonnes de granulés ici ! »
A l’extérieur du bâtiment de stockage. En clair les granulés, en noir des cadavres de triboliums morts.
Joint par téléphone le 27 juillet, Pierre Liot, dirigeant de la société mise en question rétorque : « Nous avons été avisés de la situation et nous avons pris des dispositions, car nous travaillons dans un cadre réglementaire. C’est vrai que nous n’avons pas connu ça depuis 25 ans et que la chaleur a permis le développement des insectes dans les 2 500 tonnes stockées à Fossemagne, qui partiront d’ici quelque temps par bateau… C’est gênant, je ne discute pas, mais nous sommes allés deux ou trois fois sur place et avons tout mis en œuvre. Nous avons traité les granulés contre les insectes et avons donné des bombes aux habitants pour faire de même. Pour moi, c’est maintenant éradiqué ».
De toute évidence les parties n’ont pas le même avis sur la question…
Du côté de la mairie de Saint-Jean-d’Angély, l’adjoint au maire Jacques Castagnet précise que « ce stockage n’a pas fait l’objet d’une autorisation de nos services » et qu’il s’agit là « d’une affaire de salubrité publique importante ».
Sur le coffre arrière d’un véhicule à l’intérieur du garage. « Il y a intérêt à fermer les vitres et ne pas mettre pas la ventilation », déclare Jean-Claude Gidon.
Le 27 juin, les victimes du tribolium ont écrit à l’ARS (1) (agence régionale de santé) à La Rochelle. « Nous avons aussi demandé une réunion avec le propriétaire, M. Rousseau, qui est actuellement hospitalisé et la société Liot, dont le P.-D.G. est toujours injoignable », explique Annie Morin, qui habite deux maisons plus loin.
« Et mon chat est infesté », complète Nicole Gidon. « J’ai idée que mes deux serins sont morts de ça, dans le fond de leur cage, car ils avaient des colliers de ces petites bêtes autour du cou. Les autres serins ont également une drôle d’allure », renchérit son mari Jean-Claude Gidon.
L’arrière de la caravane à l’intérieur du garage de Jean-Claude Gidon.
Le maire Paul-Henri Denieuil, accompagné d’un adjoint et du directeur général des services, s’est déplacé sur les lieux samedi 24 juillet. Il a constaté la présence des insectes dans le garage, sur les voitures, sur la caravane, sur les tables, dans la vaisselle en cuisine, bref dans tous les endroits… Il a conclu : « Nous allons faire accélérer le règlement de cette situation. J’ai demandé à ce qu’une réunion ait lieu avec les responsables le plus tôt possible », précisant « qu’il disposait des moyens adéquats pour ça ».
« Regardez l'intérieur d'une assiette quand je la sors du buffet, elle est envahie par les insectes ! » déclare Nicole Gidon.
Jean-Claude Gidon se pose aussi une question : « Comment expliquer l’entreposage de tant de granulés pendant aussi longtemps, sans que ça bouge ? Pour quoi faire ? Qu’est-ce qu’on attend ? »
(1) l’ARS a repris la partie sanitaire de la DDASS (Direction départementale de l’action sanitaire et sociale). Les directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) sont des services déconcentré du Ministère de l'Écologie, de l'Énergie, du Développement durable et de la Mer (MEEDDM). Les DREAL remplacent dans chaque région, hors Ile-de-France, les directions régionales de l'équipement (DRE), les directions régionales de l'industrie, de la recherche et de l'environnement (DRIRE) et les directions régionales de l'environnement (DIREN) dont elles reprennent les compétences par fusion de ces dernières dans chaque région en 2010.
Le tribolium brun de la farine
Au stade adulte le tribolium brun de la farine tribolium brun de la farine est un petit coléoptère brun rougeâtre de 3,5 mm de long. Son corps est lisse et allongé. Les femelles pondent 300 à 400 œufs dans les aliments qu'elles infestent au rythme de 2 à 3 œufs par jour. Ces œufs sont collants et s'agglutinent autour des particules alimentaires, ce qui les rend difficiles à distinguer. Les larves éclosent environ 10 jours plus tard et se nourrissent dans ce milieu.
Les habitants de Fossemagne ont écrit à l’Agence régionale de santé (ARS)
Au nom des habitants de Fossemagne, nous nous permettons d’attirer votre attention, sur le fait, que depuis le mois de mai dernier, nous subissons une invasion d’insectes « des tribolions » partout dans nos maisons d’habitation. Le sol en est recouvert, nous en retrouvons dans le linge, la vaisselle, la baignoire, le lit, etc. et ceci malgré l’achat de divers aérosols pour insectes.
En effet, une entreprise de stockage de résidus de silos à grains, entrepose 4 000 tonnes de granulés pour animaux dans les locaux désaffectés de l’ancienne Société FRANSFRUITS, qui ne doit pas être adaptée à ce genre d’entrepôts.
Nous nous sommes rendus, à trois reprises, en mairie de notre commune, pour rencontrer Monsieur le Maire. Mais nous avons été très vite dirigés vers la police municipale. Celle-ci s’est déplacée à chaque fois pour constater les nuisances, et a distribué dernièrement, des bombes insecticides à quelques familles.
Le patron de l’entreprise de stockage, Monsieur LIOHT, a été informé et s’est rendu sur place, mais ne semble pas prendre au sérieux l’ampleur de la situation. Il a dépêché sur le site un de ses employés, avec un simple pulvérisateur à mains. Un pulvérisateur à mains, pour 4 000 tonnes de granulés, nous vous laissons seul juge de l’efficacité.
C’est pourquoi nous vous demandons de prendre les dispositions nécessaires afin que cessent ces nuisances.
Nous vous remercions de votre compréhension et de la bienveillance avec laquelle vous examinerez notre requête.
Dans l’attente d’une réponse favorable, nous vous prions de croire, Monsieur, à l’assurance de notre considération distinguée.
La réponse de l’ARS