Jeudi 29 avril 2010 – Billet 1756 – Photos ©Bernard Maingot
Ceci est la reprise du billet publié le 29 mars 2010, sous le titre "Hervé Guichebaron est passé à Courant et Saint-Jean-d'Angély". J'ai eu l'occasion de prendre des nouvelles du pélerin dans son périple, et j'ai rajouté les notes à la suite du premier article. Ce n'est pas très académique mais plus complet. Par la suite, je rajouterai des photos que j'ai demandées à Hervé Guichebaron. Pour l'heure, il a fait son retour "à la vie civile" le 28 avril, après 45 jours de marche et 1 700 km. Chapeau bas !
De la Bretagne à Compostelle
COURANT/SAINT-JEAN-D’ANGÉLY – Parti de Bretagne le 9 mars, Hervé Guichebaron était lundi 22 mars à Courant et Saint-Jean-d'Angély, en marche sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle, où il est arrivé le 26 avril.
Hervé Guichebaron a prévu de parcourir 1 750 km en cinquante jours !
Hervé Guichebaron est parti le 9 mars de Milin-Ar-Cosquer (commune de Plounévez-Moëdec, bourg situé entre Guingamp et Morlaix) dans les Côtes–d’Armor. Sa destination : Saint-Jacquesède-Compostelle. Il est passé par Nantes, Montaigu, Saint-Fulgent, Fontenay-le-Comte, Marillet, Surgères. Le pèlerin breton marchait vers Courant, lundi 22 mars à midi, en direction de Saint-Jean-d’Angély, où il devait faire une halte vers 15 heures. Ensuite, il devait se diriger vers Saintes, Blaye, Bordeaux, où il a prévu d’être le 28 mars, avant de rejoindre Saint-Jean-Pied-de-Port et d’emprunter la "ruta interior" ou "Camino francés", en Espagne, pour continuer vers Santiago-de-Compostella.
« Je fais des étapes de 35 km par jour et je vais donc mettre 50 jours pour rejoindre Saint-Jacques-de-Compostelle où je serai le 28 avril, a expliqué le pélerin. J’aurai alors fait 1 750 km. Le 29 avril, je rentrerai, mais en avion cette fois ».
Hervé Guichebaron, récemment patron de 45 salariés dans l’agroalimentaire (plats cuisinés et exotiques, entreprise Took-Took), marche maintenant seul sur la route, se ravitaillant dans les supérettes et les boulangeries et couchant dans les gîtes d’étapes. Bâtons de ski en mains et GPS en poche, il a organisé son pèlerinage et le moyen d’approfondir sa vie, une sorte de retour sur lui-même, après une vie professionnelle bien remplie.
« Il y avait longtemps que j’avais ça en tête et je profite d’une fenêtre de deux mois jusqu’à mi-mai pour le réaliser », confie-t-il, en attendant « d’être en retraite le 1er janvier prochain. »
Je l’ai quitté en lui promettant de lui téléphoner sur son portable pour prendre des nouvelles de sa progression (et de son moral), en vue de faire des adjonctions de texte à cet article.
Adjonctions au premier article
Les nouvelles du pèlerin, par téléphone, dimanche 28 mars (jour des Rameaux), à 10 h 10
« Comme prévu, je suis entre Blanquefort et Bordeaux, à l’entrée de Bordeaux. Je suis passé par Saint-Jean-d’Angély, Saintes, Saint-Genis-de-Saintonge, Saint-Aubin-de-Blaye, Blanquefort. Tout va bien, hormis les chaussures que j’ai dû changer, car elles ont fini par se déchirer. J’ai eu peu de pluie, environ une heure un quart sur 125 heures de marche. J’ai essayé de joindre votre blog sur mon I-phone, mais n’ai pas pu. » J’ai promis de lui envoyer un e-mail sur hgtook@orange.fr pour le prévenir de la parution de l’article, probablement mardi 30 mars. Pour l’heure Hervé Guichebaron prévoit d’être jeudi 1er avril à Dax et dimanche 4 avril à Saint-Jean-Pied-de-Port. Ce sera le jour de Pâques.
Les nouvelles du pèlerin, lundi 5 avril (Lundi de Pâques) à 18 h 40
J'avais publié l'article lundi 29 mars à 19:30 et envoyé un mail à Hervé Guichebaron qui l'a consulté sur le blog.
Je lui ai téléphoné ce soir pour voir sa progression et prendre de ses nouvelles après une semaine où la pluie a été abondante et le vent fort : « La semaine dernière, j'ai pris des trombes d'eau, en voulant suivre un chemin parallèle à la N10. Le vent m'a projeté des quantités de pluie et surtout des nuages d'eau soulevée par les camions qui roulaient ! J'ai regretté d'avoir pris ce chemin... Ce matin (lundi de Pâques), je suis parti à 8 heures de Saint-Jean-Pied-de-Port et atteint le col de Roncevaux. Comme il était 14 h, j'ai fait 8 km de plus et je suis à Espinal. J'ai fait 33 km. Demain, je ferai 40 km pour aller à Pampelune »
Quelques infos :
Espinal (en espagnol), c'est Aurizberri (en basque), en Navarre espagnole.
Hervé Guichebaron est sur le Camino Navarro (il traverse la Navarre). Il a pris le chemin qui part du col de Roncevaux du col de Roncevaux (ou « col de Cize », comme en parle Aimery Picaud dans son Guide du Pèlerin) pour rejoindre Puente la Reina, faisant ainsi le trait d'union entre la via Turonensis (déjà rejointe par la via Lemovicensis et la via Podiensis) et le Camino frances.
Les nouvelles du pèlerin, par téléphone, dimanche 18 avril, à 10 h 20
Hervé Guichebaron est entre Pampelune et Burgos, à 330 km de Saint-Jacques de Compostelle.
Il fait beau, mais il a eu froid en traversant le "coteau" après Burgos.Il m'a parlé de la "Mongolie" et d'un vent d'est à 900 m d'altitude, sur le plateau de la Meseta.
Il a croisé des Canadiens, beaucoup de Coréens, des Australiens, des Américains, et, bien sûr, des Européens, dont des Français. Il a fait un bout de chemin avec Michel Lansalot, le maire de Carresse, dans le Béarn, qui suit le chemin.
"On fait beaucoup de rencontres. Il y a évidemment beaucoup d'étrangers par rapport à l'Espagne et il y a beaucoup de monde. Qu'est-ce que ça doit être en mai ! L'hébergement doit également difficile en juin"
L'hébergement, un des principaux soucis parmi les fonctions essentielles pendant le pèlerinage : boire, manger, marcher, dormir....
Hervé Guichebaron tient son rythme de 35 km par jour, ce que tous les pèlerins ne font pas. Il pense arriver vers le mardi 27 ou le mercredi 28 avril, comme prévu.
Les nouvelles du pèlerin, par téléphone, mardi 27 avril à 10 h 10
Moi qui ne marche pas vers Saint-Jacques, j'ai un train de retard : Hervé Guichebaron m'a appelé ce mardi pour me dire : "Je suis arrivé hier après-midi 26 avril, avec un jour d'avance, après 1 700 km de marche".
Un peu confus de n'avoir pas vu le temps passer et d'avoir manqué l'appel du dimanche, je l'ai rappelé. "J'ai fait 40 km le dernier jour, avec un Espagnol et un Allemand. Les rencontres que l'on fait sont variées et durent de une heure à 3 ou 4 jours, voire 10 jours. Il faut varier d'ailleurs les rencontres, car on ne marche pas à la même allure et chacun a sa cadence... Là, je suis à Saint-Jacques de Compostelle, Place de l'Obradoiro, face à la cathédrale. J'ai posé mon sac et je regarde..." Il me dit qu'il a reçu son certificat de pèlerin (La Credencial est un carnet de pèlerin dans lequel on fait apposer quotidiennement le tampon du gîte ou du village par lequel on chemine. Ces tampons constituant la preuve de la réalisation du pèlerinage, permettront au pèlerin de recevoir la Compostela, un certificat rédigé en latin remis par le bureau des pélerins à Saint Jacques de Compostelle, NDLR)
Hervé Guichebaron fait quelques commentaire : "Les chambres ne manquent pas ici. certains hôtel ont 800 à 900 chambres. C'est dantesque !" Il me parle de l'hôtel Parador, sur la place de l'Obradoiro, financé par l'Etat pour occuper des locaux historiques, "avec des chambres qui peuvent coûter jusqu'à 250 euros".
"C'est la fin de l'aventure ! J'ai rencontré une bonne dizaine de pèlerins qui faisaient le retour à pied ! D'autres vont à la pointe Finistère, et encore 100 km à faire, à pied ou en bus, pour brûler leurs habits et ensuite se baigner dans la mer...Là-bas, on leur donnera une coquille Saint-Jacques. (...) Saint-Jacques de Compostelle est une vieille ville magnifique, avec ses petites rues, ses musées, ses églises, ses monastères... Mais on n'a pas oublié le business, car il y a un aéroport international...".
Hervé Guichebaron sera chez lui (en Bretagne) demain matin (mercredi 28 avril), car il rentre par avion.
"La solitude va me manquer. Comme les rencontres inopinées. Il va falloir retourner à la vie civile. Après 45 jours arbitrés entre boire, manger, marcher, dormir..."
J'ai senti la nostalgie avant l'heure, le regret du quelque chose qu'on sait devoir quitter quand on est arrivé à son terme...
Je remercie Hervé Guichebaron, dans les courts instants de nos échanges par téléphone, des images de rêve qu'il a su transmettre et de l'occasion qui m'a été donnée d'avoir "partagé" une certaine sérénité qui l'emplissait. Merci de ces instants.