Mercredi 23 septembre 2009
L’ART ROMAN EN PHOTOS (2)
Exposition photos d’Esla (2)
"Images et imaginaires de l’Art Roman en Poitou–Charentes"
Le tétramorphe (détail de l’exposition)
Jusqu’au 3 octobre 2009, "Esla" présente à l’Office de tourisme de Saint-Jean-d’Angély une exposition photo intitulée "Images et imaginaires de l’Art Roman en Poitou–Charentes". Un voyage dans 50 églises au travers de 80 photos. A voir absolument.
Saintes, Abbaye-aux-Dames, clocher : unijambiste se battant contre un monstre avec un couteau et en s'aidant de sa jambe de bois. (photo Esla)
L’exposition de Sophie Goillot (Esla de son nom d’artiste) "Images et imaginaires de l’Art Roman en Poitou–Charentes", qui se tient au samedi 3 octobre 2009 à l’Office de tourisme de Saint-Jean-d’Angély, se pratique comme une promenade au travers de 80 "sujets" capturés sur plus de 50 églises de la région.
Le visiteur parcourt 12 thèmes : bestiaire, activités humaines du Moyen Âge, l’engoulant, l’acrobate, la musique, le vin, la chasse, les fables, les péchés, le tétramorphe, le Christ roman, les visages, en s’accompagnant d’une « table de lecture » et de fiches thématiques.
Une BD avant l’heure
« Mon approche de l’art roman est la lecture de l’iconographie romane de la région à travers l’histoire du territoire, de la symbolique et de la vie quotidienne moyenâgeuse. J’ai la volonté de rendre cette lecture attrayante, simple et ludique, sans pour autant retirer l’essence concernant le sacré et le paganisme », explique Esla.
Sa passion de l’art roman fait qu’elle le décrit comme une BD avant l’heure, où on gravait dans la pierre des images destinées à une population la plupart du temps illettrée.
Des visites commentées par Esla sont organisées les mardi, mercredi, jeudi et samedi de 15 h à 16 h. Inscription gratuite à l’Office du Tourisme.
Pendant toute la durée de l’exposition, un jeu-concours gratuit est organisé en collaboration avec l’Office du Tourisme, proposant d’identifier les sept péchés capitaux sur les sept modillons de l’Eglise de Saint-Mandé-sur-Brédoire (à côté d’Aulnay). Cela devient facile si on prend les sculptures au 1er degré, sans réfléchir outre mesure.
Trois gagnants tirés au sort parmi les bonnes réponses recevront chacun le lot suivant :
• 1 livre "En Vals de Saintonge, chemin faisant" par Jacques Caillaud & Christian Gensbeitel
• 1 lot de 5 affiches réalisées par le Service Educatif du Centre de Culture Européenne
• 1 crayon marqué "St Jean d'Angély"
• un livret de l’exposition « Images et imaginaires de l’Art Roman en Poitou-Charentes » 80 pages (textes et photos)
Un livret à découvrir
À l’occasion de cette exposition Esla propose à la vente un livret (200 photos N&B - incluses celles de l’exposition -, un texte détaillé, et 95 fiches descriptives des églises citées) qui permettra à ceux qui le souhaitent d’aller à la découverte et d’approfondir leurs connaissances de cet art merveilleux dont le XXIe siècle est dépositaire.
L’art roman : une imagerie foisonnante
Nieul-les-Saintes, voussures de la façade : groupe de musiciens (ici un joueur de rote) et de danseurs portant des colombes dans leurs mains. (photo Esla)
Des visiteurs curieux
Esla est absolument ravie de la façon dont se déroule son exposition : « Je suis contente du résultat et des visites qui sont faites. Rémi Prin est venu me voir dès l’ouverture (mardi 15 septembre, ndlr). J’ai effectué les visites commentées qui étaient prévues de 15 h à 16 h, mais en réalité, elles durent plus longtemps et elles débordent l’horaire. Les visiteurs sont curieux, il faut replacer le contexte dans la géographie et l’Histoire, donner des anecdotes, fournir des clés pour apprendre à lire l’art Roman. Les personnes font un beau voyage et comme ils veulent en savoir plus encore, ils repartent avec le livret de l’exposition pour continuer ce voyage. »
Entre les photos d’Esla, des panneaux explicatifs intriguent parfois, tel celui sur le tétramorphe, qu’elle a bien voulu communiquer avec des photos d’illustration... Ceci en exemple de détail de cette enrichissante exposition.
Le "tétramorphe" est l’un des thèmes récurrents de l’art religieux. Cet ensemble iconographique s’inspire de la vision de Saint Jean :
« … une porte était ouverte dans le ciel, et la voix claironnante que j’avais entendue converser avec moi disait : « Monte ici, que je te montre ce qui doit arriver plus tard » – je fus aussitôt ravi en extase ; voici qu’au ciel un trône était disposé, sur lequel siégeait un être qui avait l’aspect de la pierre de jaspe et de sardoine ; un halo d’un ton émeraude nimbait le trône … Devant le trône s’étendait une mer limpide comme du cristal ; face au trône et à l’entour se trouvaient quatre vivants ayant les yeux partout, devant et derrière. Le premier vivant ressemblait à un lion, le second à un taureau, le troisième avait comme un visage d’homme et le quatrième ressemblait à un aigle en plein vol. Ces quatre vivants avaient chacun six ailes couvertes d’yeux à l’extérieur et à l’intérieur et ils n’avaient cesse jour et nuit de dire : « Saint, Saint, Saint le Seigneur ….. » APOCALYPSE IV-4
Dès le VIe siècle, il fut admis par la religion chrétienne que quatre animaux symbolisaient les quatre évangélistes :
Mathieu a pour attribut l’homme (ou l’ange) car il commence son évangile par la généalogie du Christ.
Photo : Saint-Colombe (Charente)
Luc fait allusion au sacrifice offert par Zacharie à la naissance de son fils Jean Baptiste « EVANGILE SELON LUC I-5 ». Le bœuf (ou le veau), animal du sacrifice, devint donc naturellement son symbole.
Photo : voussure du portail de l’église de Chateauneuf-sur-Charente.
Le lion désigne Marc qui commence son récit en parlant de la voix criant dans le désert :« voici que j’envoie mon messager devant toi : il préparera ton chemin. Un voix crie dans le désert : préparez le chemin du seigneur, aplanissez ses sentiers », jean se mit à baptiser dans le désert, et à proclamer un baptême de conversion pour le rémission des péchés … « EVANGILE SELON MARC I-1 ».
Photo : façade de l’église de Sainte-Colombe (Charente)
L’aigle est la figure de Jean car il débute son évangile par le verbe « vraie lumière ».
L’aigle est le seul animal qui peut regarder le soleil en face.
Photo : modillon en façade de l'église d'Ecoyeux.
Le "tétramorphe" rappelle l’incarnation (l’homme), le sacrifice du Christ (le bœuf), la résurrection (le lion) et l’ascension (l’aigle).
Enfin la place occupée par les évangélistes par rapport au Christ central dessine une croix en X. Ce « KHI » illustre ainsi le monde :
- un centre et les quatre points cardinaux
- les éléments fondateurs du monde : eau, terre, feu, air
- et aussi la déclinaison des quatre saisons,
- les quatre étapes de la vie : naissance, enfance, adulte, vieillesse, le centre étant l’homme.
L’art roman a beaucoup exploité ce symbole car sa volonté de rappeler à chaque fidèle la puissance de Dieu, sa vérité, son "immortalité" et son "immédiateté", lui imposait de présenter un dieu vivant, près des hommes et dans sa gloire.
Il est en effet très rare de rencontrer pendant les XIe et XIIe siècles le Christ en croix, une manière peut-être de présenter et parler de la vie sur terre et de son importance. En cela les deux siècles où l’art roman s’est développé est une période lumineuse pour la transmission de la culture religieuse.