Mercredi 11 juin, à l’atelier d’Arts de Saint-Jean d’Angély, le potier Jean-Pierre-Marie Toublanc a fait fonctionner le four à raku qu’il avait installé la veille pour cuire les poteries et bols confectionnés par les enfants. Une cuisson rapide comme celle faite par les potiers itinérants au Japon pour la cérémonie du thé.
» texte et photos B. M.
Grande effervescence à l’atelier d’Arts de Saint-Jean d’Angély, mercredi 11 juin, mais aussi beaucoup de chaleur et de flammes avec le four à raku qu’il faut alimenter en grande quantité de bois : Jean-Pierre-Marie Toublanc va procéder à six à sept cuissons de poteries, de faisselles et de bols que les enfants ont confectionnés depuis un mois.
Les enfants se prennent au jeu et enfournent - écarlates - autant de bois que le feu peut en brûler, activé qu’il est par une soufflerie, comme chez le forgeron.
Jean-Pierre-Marie Toublanc les exhorte encore plus : « Allez, allez, mettez du bois, il faut que ça monte à 1000 degrés ! ».
Le four a été construit tout simplement, avec des briques non réfractaires, celles qu’on utilise pour les murs des maisons, enrobées de paille et d’un liant. Il a été allumé la veille pour que la montée en température soit lente et n’explose pas les briques. La cheminée crache des flammes rouges, sans fumée, résultat d’une combustion suroxygénée par le ventilateur. « Les enfants, vous voyez ici une atmosphère oxydante. Tout à l’heure, quand je couperais le ventilateur après la cuisson pour sortir les pièces, il y aura beaucoup de fumée : ce sera une atmosphère réductrice ».
Puis il prend le relais des enfants pour alimenter en bois et comme il fait très beau ce mercredi après-midi, la chaleur alentour fait qu’on se croirait dans une fonderie vu par Zola ou dans les soutes d’un bateau à vapeur voici un siècle… Jean-Pierre à déjà bu ses deux litres d’eau ! Les autres enfants et les parents venus assister sont en recul à plusieurs mètres.
Et tandis que deux "préposées" chargent le bois, le potier commente la préparation qu’il a faite sur la table où attendent les futurs chefs-d’œuvre avant la cuisson : « Le four à raku est une technique de cuisson rapide de la céramique qui nous vient du Japon et liée à la cérémonie du thé. Donc en principe on y cuit surtout des bols. Dans la poterie, il faut respecter la lenteur, le séchage et la cuisson. Ne pas faire de choc thermique ». Dans une grande soucoupe, il a préparé de la terre où il a « rajouté de la chamotte, de l’argile cuite et stabilisée avec une granulométrie variant de la semoule fine aux granulés. Ici ma chamotte est fine et j’y ai incorporé 30 % d’argile pour mieux encaisser le choc thermique. Nous allons déposer cette préparation sur la surface de la pièce en la trempant dedans. Dans le four, la cuisson à plus de 1000 °C va faire fondre l’émail minéral et rendre la pièce réfractaire ».
Puis, "touillant" sa mixture avec une louche, Jean-Pierre le potier et chimiste encore : « Là j’ajoute de l’oxyde d’étain qui donne son nom aux faïences stannifères. L’oxyde d’étain est le principal opacifiant de l’émail, qui colore en blanc un verre transparent. Tout à l’heure, nous ferons un essai avec du silicate de plomb, pour avoir une belle glaçure. Et puis nous verrons le frittage, avec du plomb et de la silice ». Devant les enfants émerveillés par cette mise en pratique, Jean-Pierre explique la façon d’obtenir les couleurs désirées : oxyde de cuivre (vert) ou sulfate de cuivre (bleu).
Sur la table sont prêtes des "montres thermiques", des aiguilles verticales sur un socle en céramique : « La montre thermique se couche à 920 °C. Cela permet de savoir où nous en sommes de la température atteinte dans le four pour la cuisson des céramiques ».
Puis c’est la fin de la 1ère cuisson.
Jean-Pierre ouvre le four, extrait les pièces sur lesquelles la charmotte chauffée à 1000 degrés s’est transformée en émail, les dépose dans une lessiveuse pour que les enfants les recouvrent avec de la sciure, étouffant l’oxygénation et ferment rapidement le récipient.
Les enfants s'y donnent à fond.
Après quelques instants où leur température s’abaisse, les poteries sont reprises une à une et sont plongées dans l'eau froide.
Et c’est là qu’il faut faire attention de ne pas laisser tomber une pièce, au risque qu'elle se casse.
Au total Jean-Pierre aura fait au moins six cuissons, de quoi remplir une pleine table pour exposer les pièces. Mais les enfants, très fiers de leurs réalisations destinés à faire des cadeaux, les ont vite emportées comme un trésor pour les montrer aux parents…
J’ai quand même réussi à en photographier quelques-unes avant leur rapide disparition !
PS : Les enfants adorant les vidéos, j'espère qu'elles leur plairont...
Contacts
Atelier d’Arts, Présidente Mme Texier au 05 46 32 06 86
Jean-Pierre-Marie Toublanc : La Cabane des Chênes-Verts 17700 Surgères. Tél. 05 46 68 92 92 ou 06 30 79 36 51
Marie-Pierre Le Sellin, professeur de dessin peinture au 05 46 58 73 45
Cours enfants le mercredi de 14 à 16 : dessin 25 € trimestre. Peinture sur soie 37 €/trim. Poterie 37 €/trim. Tous matériels fournis (peinture, argile, sauf carrés de soie). Responsables : Maryvonne Texier et Rolande Bollut.
Cours adultes le mercredi de 16 h 30 à 18 h 30. Dessin 60 €/trim. Poterie 40 €/trim. Matériel fourni.